En avril 2012, Carthagène des Indes, joyau colonial colombien baigné par les eaux caribéennes, accueillait un événement diplomatique de première importance : le sixième Sommet des Amériques. Cette rencontre réunissait les chefs d’État et de gouvernement du continent américain, de l’Alaska au Cap Horn, à l’exception notable de Cuba, toujours exclue de ce forum régional. Le contexte était riche en enjeux : la Guerre contre la drogue menée par les États-Unis continuait de mobiliser des ressources considérables, tandis que le populisme latino-américain, incarné par des leaders tels que Hugo Chávez au Venezuela ou Rafael Correa en Équateur, gagnait du terrain, remettant en question l’hégémonie américaine sur le continent.
Le sommet de Carthagène se déroulait dans une atmosphère tendue. Les États-Unis, sous la présidence de Barack Obama, étaient confrontés à des critiques croissantes concernant leurs politiques antidrogue jugées inefficaces et parfois violentes. De nombreux pays d’Amérique latine accusaient Washington d’interférer dans leurs affaires internes et de privilégier ses intérêts économiques au détriment du développement social. L’absence de Cuba, toujours considérée comme une “épine dans le pied” par les États-Unis, alimentait la tension diplomatique.
Malgré cette ambiance complexe, le sommet a permis d’aboutir à quelques avancées notables. Les pays participants ont notamment approuvé une déclaration commune condamnant la violence des cartels de la drogue et affirmant leur volonté de coopérer pour lutter contre ce fléau qui ravageait de nombreuses régions du continent.
Cependant, les discussions concernant l’économie latino-américaine se sont avérées plus houleuses. Les États-Unis ont tenté de promouvoir un modèle de libre-échange ouvert aux investissements étrangers, tandis que plusieurs pays d’Amérique latine, notamment ceux dirigés par des gouvernements populistes, plaidaient pour une approche plus protectionniste, privilégiant le développement industriel national et la réduction des inégalités sociales.
Au final, le Sommet des Amériques de 2012 a révélé les tensions profondes qui traversaient le continent américain au début du XXIe siècle : la lutte contre la drogue, les rivalités géopolitiques entre les États-Unis et l’Amérique latine, les aspirations à une plus grande autonomie économique et sociale.
Les conséquences du Sommet des Amériques de 2012:
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Renforcement de la coopération régionale: Malgré les tensions, le sommet a contribué à renforcer les liens entre les pays d’Amérique latine. La déclaration commune contre la violence des cartels de la drogue témoigne d’une volonté partagée de lutter contre ce fléau qui menace l’ensemble du continent.
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Avancée timide sur le plan économique: Les discussions économiques ont révélé un fossé important entre les positions des États-Unis et celles des pays d’Amérique latine. Si aucune grande avancée concrète n’a été enregistrée, la rencontre a permis de poser les bases d’un dialogue plus constructif pour l’avenir.
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Exclusion persistante de Cuba: L’absence de Cuba du Sommet des Amériques a alimenté le débat sur l’isolement de l’île et son intégration future dans la scène politique régionale.
Tableaux comparant les positions des différents pays participants:
Pays | Position sur la Guerre contre la Drogue | Position Economique |
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États-Unis | Interventionnisme, lutte contre cartels | Libre-échange, investissements étrangers |
Venezuela | Critique de l’intervention américaine | Protectionnisme, développement national |
Brésil | Coopération régionale, lutte contre trafic | Ouverture progressive aux échanges |
Mexique | Cooperation avec États-Unis, sécurité | Ouverture économique sélective |
Le Sommet des Amériques de 2012 a été un événement complexe et controversé qui reflète les défis majeurs auxquels se confrontent l’Amérique latine au XXIe siècle. La lutte contre la drogue reste une priorité absolue, tandis que le désir d’une plus grande autonomie économique et sociale se heurte à la puissance des États-Unis.
L’histoire nous enseigne que les grandes rencontres diplomatiques ne sont souvent que des étapes dans un long processus de négociation et de compromis. Le Sommet des Amériques de Carthagène a ouvert la voie à une réflexion collective sur l’avenir du continent américain, une réflexion qui se poursuit encore aujourd’hui.